Le "Monoprix" de l'avenue de l'opéra brûle.
Le 23 janvier 1974, un violent incendie
éclate dans le magasin Monoprix de l'avenue de l'Opéra.
Alors que le sinstre est sur le point d'être maîtrisé, un spectaculaire "transport
du feu"
propage les flammes aux étages supérieurs de l'immeuble.
Les sapeurs-pompiers doivent, dès lors, mener simultanément la lutte contre
deux sinistre de grande ampleur.
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Un timide soleil cherche à percer la grisaille de cette matinée maussade de janvier. Bien que l'activité soit déjà importante sur l'avenue de l'opéra, il y a encore peu de monde dans le magasin Monoprix qui vient juste d'ouvrir ses portes. C'est un établissement important dant la surface de vente et les bureaux occupent le rez-de-chausséee et le premier niveau d'un immeuble de six étages compris dans le quadrilatère formé par l'avenue de l'Opéra, la rue des Pyramides, la rue d'Argenteuil et la rue Saint-Roch. Soudain, une abondante fumée s'élève du rayon lingerie situé au rez-de-chaussée du magasin, côté avenue de l'Opéra. Le feu qui dévore un aliment de choix, se développe avec une extrème rapidité. En même temps qu'elle fait évacuer dans le calme les quelques dizaines de clients et les quatre-vingt-dix-neuf employés, la directrice de l'établissement donne l'alerte aux sapeurs-pompiers. 10 h 27. L'état-major des sapeurs-pompiers de Paris et le centre de secours Saint-Honoré sont alertés pour "feu au Monoprix, 23 avenue le l'Opéra". Le stationnaire sonne le départ normal et actionne les renforts prévus pour intervenir a priori dans cet établissement répertorié. Douze engins au total, soit quatre forgons, un ensemble grande puissance (deux véhicules), trois échelles, deux fourgons de protection et un fourgon électro-ventilateur. Casernés à moins de trois cent mètres des lieux du sinistre, les secours de Saint-Honoré sont sur place à 10 h 30. |
La pendule au
premier plan, indique 11 h 15. |
La fumée très dense et la chaleur
intense exigent |
Dès son arrivée, le chef de garde comprend qu'il est confronté à une affaire sérieuse. Quelque minutes ont suffi pour que le feu prenne des proportions inquiétantes. Une fumée abondante et toxique envahit les deux étages du magasin et gêne considérablement la progression du personnel d'attaque. A 10 h 32, le chef de garde demande des renforts en plus des moyens prévus au premier départ. Moins d'un quart d'heure après l'arrivée des premiers engins, cinq grosses lances sont en action tandis que les reconnaissances se poursuivent dans les étages de l'immeuble. A l'intérieur du Monoprix, l'action des sapeurs-pompiers est rendue très difficile par la fumée et la chaleur intense. L'élévation de la température et la nature des matériaux favorisent la progression du feu à l'ensemble de l'établissement. Sur la façade de la rue d'Argenteuil, il faut percer des trous dans un mur de briques afin d'y braquer le jet des lances. A 11 h 35, une lance grande puissance, dix-huit grosses lances et dix petites manoeuvrent au rez-de-chaussée et au premier étage du Monoprix. Le feu est pratiquement maîtrisé. |
Soudain, plusieurs foyers éclatent aux quatrième, cinquième et sixième étages de l'immeuble. Dès lors, c'est un second incendie, également d'une grande violence, contre lequel il faut immédiatement entreprendre la lutte avec les secours présents sur place et jusqu'alors maintenus en réserve. Un nouveau dispositif d'attaque est mis en place pour combattre le sinistre à tous les niveaux, tandis que de nouvelles réserves sont constituées, prêtes à intervenir. Deux heures d'efforts sont nécessaires pour que le feu soit circonscrit à 14 h 43. Les sapeurs-pompiers s'en déclarent maître à 15 h 02. Enfin, à 15 h 21, le message : "Feu éteint" passe sur les fréquences radios. Comment ce "transport du feu", aussi violent que spectaculaire, a-t-il pu se produire alors que des reconnaissances étaient menées dans les étages tout le temps de l'attaque dans le Monoprix ? Ce n'est que le lendemain, au cours des déblais, que l'énigme trouvera son explication. Un défaut d'isolation est à l'origine du second sinistre. Une dalle de béton, qui sert de plafond au deuxième niveau du magasin, l'isole en effet de tout le reste de l'immeuble, rendant en principe toute propagation impossible. Or, au fond du magasin, cette dalle avait été percée sur une surface de vingt-cinq mètres carrés et remplacée par un plancher que l'épaisseur de la fumée rendait totalement invisible pendant la durée de l'extinction. Une fois ce plancher détruit, les flammes avaient pénétré dans le local supérieur où se trouvaient stockées d'importantes quantités de tissus. Celles-ci, sous l'effet de la chaleur rayonnante et des gaz chauds, s'étaient embrasées d'une manière quasi instantanée. La pièce prenant jour sur une courette intérieure avait joué le rôle de cheminée d'appel et propagé le feu aux étages supérieurs. |
Côté rue d'Argenteuil,
plusieurs grosses lances sont mises |
Vue d'ensemble
de l'avenue de l'Opéra. Il est 11 h 40. |
Les deux règles impératives
des sapeurs-pompiers - anticipation des risques et concentration des
moyens - ont permis la présence d'une importante réserve d'engins et
de personnel aptes à répondre immédiatement à la nouvelle situation,
évitant ainsi la destruction d'un pâté d'immeubles. Au plus fort de
l'action, le général Férauge, commandant la Brigade de sapeurs-pompiers
de Paris, disposait sous ses ordres de six cent trente-six officiers,
sous-officiers et sapeurs appartenant à trente-huit centres de secours
différents. Quant au matériel, il se composait de quatorze fourgons-pompes,
cinq ensembles grande puissance (dix engins), onze échelles, ainsi qu'une
vingtaine d'engins divers, fourgons électro-ventilateurs, fourgons de
protection, voitures de liaison radio, etc. |