L'incendie de l'immeuble "PUBLICIS"

Le 27 septembre 1972, un gigantesque incendie détruit complètement
l'immeuble Publicis, sur les Champs-Elysées.
Malgré la présence sur place de plusieurs milliers de badauds,
les pompiers ne reçoivent que cinq appels. La polémique qui s'ensuit
pose une nouvelle fois le problème du déclenchement de l'alerte.

Cliquez sur les photos pour les agrandir

Ce qui était encore la veille au soir un luxueux immeuble de sept étages dressé à l'angle de la rue Presbourg et de l'avenue des Champs-Elysées, à deux pas de l'Arc de Triomphe, n'est plus, à l'aube du 28 septembre 1972, qu'un squelette de pierres noircies et fumantes.

A l'intérieur, sur les 6 000 mètres carrés de planchers effondrés, tout n'est que cendres, gravats et débris calcinés sur lesquels crachent encore les lances. En quelques heures, un formidable incendie a entièrement détruit l'immeuble Publicis, son célèbre Drugstore et la salle de cinéma du sous-sol. Fait extraordinaire, la tragédie, qui s'est jouée devant plusieurs milliers de badauds, n'a provoqué que cinq demandes de secours.

Des moyens considérables sont mis en oeuvre :
40 engins, dont 10 échelles, venus de 20 centres de secours
.

Une grosse lance manoeuvre devant l'entrée principale
du Drugstore, à l'angle de l'avenue des
Champs-Elysées et de la rue de Presbourg.

Le premier appel est enregistré à l'état-major des pompiers à 22 h 57. L'alerte est aussitôt répercutée à la caserne Dauphine, centre de secours territorialement compétent, qui sonne son départ normal. L'immeuble Publicis est répertorié, aussi les départs du fourgon pompe tonne, de l'échelle et du fourgon de protection de Champerret sont déclenchés en supplément des moyens de Dauphine.

Il est 23 h 02, quand le premier-secours de Dauphine se présente l'immeuble est entièrement embrasé. Deux grosses lances sont immédiatement mises en oeuvre, l'une devant la façade du 133, avenue des Champs-Elysées, la deuxième par le 30 de la rue Vernet, sur l'autre face du pâté d'immeubles. La foule innombrable qui se presse à proximité du sinistre gêne la manoeuvre d'établissement des lances, les voitures qui stationnent sur les trottoirs compliquent l'évolution des grandes échelles et retardent leur déploiement.

A 23 h 06, le chef de garde demande des renforts. Ceux-ci sont engagés au fur et à mesure de leur arrivée contre le foyer qui prend une extension vertigineuse.

Des flammes d'une vingtaine de mètres dépassent les toits des immeubles. Plusieurs lances de grande puissance sont mise en oeuvre.

Une seconde demande est formulée à 23 h 26 par le directeur des secours. Bientôt, quarante engins, dont dix grandes échelles, sont à pied d'oeuvre avec plus de deux cent cinquante hommes. Mais le feu redouble de violence. Les réserves de parfum et d'alcool du Drugstore ainsi que certains produits de la pharmacie alimentent un très important foyer au rez-de-chaussée. L'escalier principal et plusieurs courettes intérieures, qui agissent comme autant de cheminées d'appel, activent les flammes qui se propagent aux immeubles 131, 129 et 127, avenue des Champs Elysées.

Des bureaux de la société Publicis y ont été aménagés et il n'existe aucune séparation avec le bâtiment en feu. Quatre petites lances, établies par le fourgon-pompe de Saint-Honoré sont chargées de réd?uire ces feux. Partout, la lutte se poursuit, intense. Un effondrement de la façade se produit, côté rue Presbourg, blessant un sous-officier.

Au plus fort de la lutte, six lances grande puissance manoeuvrées par le personnel de Champerret, Grenelle, Chaligny et Château-Landon, vingt-six grosses lances et quatre petites cernent le brasier sur lequel elles déverseront quatre millions de litres d'eau au cours de la nuit.

Circonscrit à 1 h 25, le feu est déclaré maîtrisé une demi-heure plus tard.

Au total, 6 lances à grande puissance, 26 grosses lances,
comme selle qu'on voit ici, et 4 petites seront nécessaires
pour vaincre le feu.

Le lendemain, le luxueux immeuble n'est plus
qu'une façade noircie par le feu.

La transformation des grosses lances en petites peut commencer, ainsi que l'action des équipes de protection qui bâchent et sauvegardent tout ce qui a été épargné par le feu.

Celui-ci est déclaré éteint à 3 h 26 par le général Perdu, commandant la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, qui dirige personnelement les opérations. Celles-ci ont pris un caractère extraordinaire, à la mesure du fait.

Il est en effet exceptionnel de voir un feu d'immeuble prendre une telle ampleur en plein Paris.

Le Figaro du 29 septembre commente l'évènement : "En ne mettant que quatre heures pour réduire pareil enfer, les sapeurs-pompiers de Paris ont accompli un véritable exploit. Il faut avoir vu les dix grandes échelles dressées face aux flammes avenue des Champs-Elysées, rue de Presbourg et rue Vernet. Il faut avoir vu les geysers que projetaient les lances et canons à grande puissance par toutes les fenêtres crevées, les pans de murs s'abattre, les sapeurs hasader la mort à chaque seconde."